Louis Chadourne
West Indies
journal de bord / octobre 1919 - janvier 1920
Les pages que nous publions aujourd’hui sont à notre connaissance le dernier inédit d’importance de Louis Chadourne (1890-1925). Lorsque Louis Chadourne embarque le 10 octobre 1919 à bord du Pérou en direction de Cayenne, il est déjà un poète et écrivain confirmé, ami de Valery Larbaud, Benjamin Crémieux, Francis de Miomandre... Son œuvre est appréciée, et dans quelques mois son roman L’Inquiète Adolescence va de peu manquer d’obtenir le prix Goncourt. La guerre l’a anéanti. Enseveli de longues heures dans une tranchée à Metzeral le 16 juin 1916, après de longues hospitalisations, comme nombre de ses contemporains, il revient du front brisé : « Je sors d’une épouvantable tuerie. Comment n’y ai-je pas laissé la vie, je ne sais ! Mais j’ai été bien près d’y laisser la raison. » Louis est atteint au plus profond de lui. Il le sait, le ressent intérieurement, en poète. Il entend qu’il doit désormais vivre vite, encore plus vite, intensément, encore plus intensément. L’idée de la mort le poursuit. Nous sommes en 1919 lorsque Louis qui vient d’être engagé comme directeur littéraire des éditions de la Sirène (mai) rencontre Jean Galmot à Brive. Cet aventurier est alors déjà assis sur une fortune colossale. Il propose à Louis de l’accompagner dans un voyage singulier aux Caraïbes et en Amérique du Sud. Le Journal de bord exprime l’enthousiasme qui exalte Louis pendant ce voyage en terres si nouvelles pour le poète. Il veut tout retenir. Tout comprendre. Ses descriptions, prises sur le vif, sont merveilleuses, Louis est attentif à tout ce qu’il voit, sent. Il est continûment sur le qui-vive. Il ressent pleinement, s’imprégnant de chaque détail. Les comportements des uns et des autres, des colons, des créoles, des fonctionnaires… sont dévoilés sans détour ni fard. Tout va tellement vite, l’émotion est palpable, et la plume glisse sur la feuille de papier au point de former des phrases parfois aux limites de la lisibilité. « Vivre c’est regarder, observer, sentir », écrit-il. À son retour, Louis Chadourne allait peu à peu disparaître aux siens, ne plus quitter l’hôpital.Il meurt le 22 mars 1925 à Ivry.
Édition établie et présentée par Christiane F. Kopylov.
128 p. - 978-2-86742-312-3 - Broché à rabats - Ill. coul. en couverture - Gaufrage - 18 €
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18,00 €Prix
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